Mon père a toujours été joueur.
Joueur de cartes invétéré, il n’a heureusement jamais joué au casino. Il s’inscrivait à toutes les émissions de radio ou télé, dans le style « Questions pour un champion » ou des chiffres et des lettres et il y a brillé souvent devant sa télé et n’aurait raté une émission pour rien au monde.
Il avait pour habitude de s’inscrire à tous les concours, quel qu’ils soient, pour gagner des cadeaux et récompenses diverses aussi bien à la radio qu’à la télévision.
A 18 ans, il s’était inscrit à un concours d’un magazine ( lequel??) et avait obtenu un des premiers prix : un vélo.
Il n’a rien gagné d’autre, hormis quelques babioles, jusqu’à cette journée de 1976…..J’avais 14 ans.
Mon père s’était inscrit à la « Case trésor », qui était une émission diffusée sur RTL, et animée par Fabrice dit « l’empereur ».
Pour chaque question posée à un candidat dans l’émission, l’animateur tirait au sort une personne inscrite par courrier. Si le candidat répondait à la question, la personne tirée au sort par courrier gagnait la même chose que le candidat.
C’est comme cela qu’un beau jour nous avons gagné un bateau. Le nom de Yves Bardoux avait été tiré au sort dans une question, et le candidat avait répondu à la question posée.
Le bateau était un « Tabur » en plastique orange pour 2 à 4 personnes avec des rames.

Nous habitions à cette époque à Bracieux, et le Beuvron coulait au fond du jardin.
Que de balades, nous avons faites avec ce bateau, que de filles nous avons promenées, que de fous rires nous avons eus.
Ce bateau nous a suivis partout. Nous l’emmenions en vacances, sur la galerie de la voiture, il était alors rempli de quatre vélos, nous l’avons emmené à Sérigny, aux étangs du crédit agricole, nous l’avons utilisé sur la Loire, et il a fini sa carrière à Muides, il y a peu de temps.
On l’aimait tellement ce bateau, que l’on y avait fait ajouter une voile, un safran, et une quille lors d’un séjour à Préfailles.
Dès lors, nous pouvions faire de la voile sur le Beuvron, a Sérigny, sur le lac de Loire à Blois.
Il nous a permis à mon frère et moi de réaliser un jour une pêche miraculeuse. En effet, nous avions utilisé le bateau pour rejoindre une ile située sous une arche du pont de Muides, et nous nous étions installé un petit coin de pêche tranquille. Nous avons péché des centaines de poissons, il s’agissait de friture, des gardons, des ablettes, des goujons, des brèmes. Ce coin était si peu péché, que nous avons réalisé une pêche miraculeuse.
Le bateau a également eu quelques anecdotes. Lors de l’enterrement de vie de garçon de Philippe, nous avons pris l’apéro à Muides. Il y avait les habitués, Pascal, Philippe, Bruno, Olivier.
Pendant l’apéro, alors que nous étions passablement éméchés, je dis à ma maman que pour éviter de souffler dans le ballon, nous nous rendrions à la boîte de nuit « Le tango » située le long de la Loire à trois kilomètres de Muides, avec le bateau. Il n’en était bien sûr pas question, mais l’alcool nous fait dire n’importe quoi.
Il en résulte que mes parents ont eu tellement peur que nous prenions le bateau, cette nuit-là, qu’ils n’en ont pas dormi pour surveiller chaque demi-heure que le bateau était toujours là.
C’est lorsque nous sommes rentrés tôt le matin vers 8h que mes parents sont sortis de la cuisine, rongés d’inquiétude, alors que nous rigolions à gorge déployée.
Ce bateau fut un don du ciel, on pouvait l’utiliser pour faire une cabane, en le maintenant debout avec deux poteaux, on le remplissait d’eau, il devenait une piscine, on pouvait se cacher dessous bref….
Depuis que mes parents l’ont donné à des amis alors qu’il était déjà bien abîmé, Olivier et moi ne rêvons que d’en acheter un autre pour pouvoir retrouver notre âme d’enfant et le plaisir de voguer sur l’eau.