Le Kir

Cette anecdote se passe alors que je venais d’avoir 18 ans, dans les années 1980 à peu près.

Nous habitions Bracieux (son jardin et sa rivière) et devions déménager pour Marchenoir, un petit village beauceron situé à 50 km de Bracieux.

Mon frère, Olivier avait un copain de classe qui s’appelait  Marc, dont les parents étaient charcutiers à quelques dizaines de mètres de notre appartement.

Ses parents, en, guise d’au revoir nous avaient conviés à un apéritif, chez eux.

Nous y sommes allés en famille, Mon père, ma mère, mon frère (âgé de 15 ans) et moi.

Nous nous sommes installé dans les fauteuils et le canapé du salon pour prendre l’apéro.

Le père de Marc nous a demandé ce que nous souhaitions boire,  en proposant : Pineau, Kir, ou whisky.

Etant majeur, mais peu habitué à boire de l’alcool (cela a beaucoup changé depuis)  j’optai pour un kir, les autres choisissant une autre boisson.

Mr Lefevre descendit donc à la cave, chercher une bouteille de vin blanc qu’il ramena, rapidement en précisant qu’il était bien frais.

Il me servit une dose de cassis et une grosse dose de vin blanc, et nous trinquâmes tous ensemble.

A la première gorgée, je trouvai ce kir bien fort, mais la discrétion étant ma tasse de thé, je ne fis aucune remarque.

La conversation s’engagea sur la pluie, le beau temps et des choses beaucoup plus sérieuses.

Mon verre était à moitié vide (un grand verre) lorsque, notre hôte, voyant les verres vides de tous les convives proposa une deuxième tournée.

Cette fois, notre hôte décida de prendre un kir.

Il n’avait pas porté le verre à sa bouche, qu’il recracha aussitôt sa gorgée en disant « bin bon dieu !! »

Il mit ses lunettes, prit la bouteille de vin blanc, et regarda l’étiquette à moitié effacée.

Il huma la bouteille et s’exclama, « mais c’est de la gnole ».

La gnole est un alcool très fort (au mois 50°) qui est utilisé soit dans la cuisine, soit pour des mélanges alcoolisés,  soit comme digestif, mais surtout pas dans un apéro.

Mon verre, presque vide, partit immédiatement dans l’évier, et notre hôte s’excusa maintes fois de la situation. Il avait en effet récupéré de la gnole, qu’il avait embouteillée lui-même sans mettre d’étiquettes précisant le contenu et il avait confondu la bouteille de gnole avec une bouteille de vin blanc..

Entre-temps, la dose d’apéritif que j’avais bu commençait à faire effet, j’avais du mal à me lever et à aligner plusieurs phrases de suite.

Notre hôte, me demanda si je souhaitais un « vrai » kir, ce sur quoi je lui répondis, qu’un bon jus d’orange serait le bienvenu.

Notre retour à la maison, fut gai et joyeux tant les vapeurs de gnole m’avaient emporté, et cela fut bien la première fois que je terminai un apéritif par un jus d’orange.

La morale, c’est qu’il ne faut jamais laisser des bouteilles sans étiquette, car avec le temps, on oublie le contenu.  Mieux vaut acheter des bouteilles directement chez le producteur.

Les vignerons sérieux faisant un excellent travail ne vont pas s’en plaindre.

4 réflexions sur « Le Kir »

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